Il faut croire que mon cerveau était assoiffé cet été 2022. Je lisais tout ce que je trouvais... pourtant après mes études littéraires, à part les livres de développement personnel dont certains j'avais du mal à finir, je lisais peu.
Au septième livre en deux mois, je m'arrête pour faire le point, faire le bilan. Cela m'a apporté quoi exactement, comment ai-je évolué, ai-je des regrets, vais-je continuer ? Du coup, je saisis mon clavier pour coucher mes pensées sur mon blog santé, car la lecture, c'est la santé mentale, une alimentation cérébrale, qui crée, mais que peut aussi déranger...
Comment après toutes ces années à lire avec parcimonie devenais-je boulimique de lecture ? Une partie des réponses se trouve dans la nouvelle tournure de mon métier d'accompagnatrice d'émotions - les consultations téléphoniques. Des bribes de vies, de questionnements de personnes de toutes voies, argent, amour, travail, maladie, les soucis d'une banalité pour certains, mais d'une gravité extrême pour d'autres.
Je devais laisser la ligne libre pour répondre aux appels sans entreprendre des tâches difficiles à interrompre rapidement. Alors je me suis mise à lire, quelle drôle d'expérience, s'arracher des glaciers de l'Antarctique pour se plonger (téléphoniquement) dans le mal d'amour de Madame S. relevait de l'exploit, quelle capacité d'adaptation a notre cerveau !
Je n'ai pas vraiment de préférences dans mes lectures (car je ne lisais pas avant), les seuls prérequis sont que cela me transporte, me vide la tête, me fait voyager sans prendre ma voiture.
Les premiers livres étaient des livres que j'avais déjà en ma possession, certains que je cherche à vendre ou rendre aux propriétaires, certains que j'avais gardé pour relire à tête reposée. Ma bibliothèque se tenait à deux petites étagères après relooking de mon salon et un carton de livres "je ne sais quoi en faire".
Premier livre, deuxième lecture de Bernard Werber, Le Miroir de Cassandre, livre extraordinaire, étude sociétale écrite en 2009, mais totalement adaptée à ce que nous vivons encore et toujours. Une petite représentation des exclus de la société vivant en dépotoir, philosophique, dégoutant, effrayant, attendrissant étaient seulement quelques-uns des qualificatifs qui me venaient. Ma première lecture avait été douloureuse, peu concentrée, mon immersion dans l'histoire avait été laborieuse et peu concluante.
Dans ma lancée, j'ai ramassé un livre qui m'avait été prêté, il y a fort longtemps, l'amie en question n'étant pas pressée, il traînait chez moi. Je voulais le rendre, mais je n'avais même pas pris la peine de le lire. Quand on est affamé, on mange ce qu'il y a, alors ce nouveau moi, assoiffée cérébrale, a décidé enfin de lui donner sa chance. Ce gros livre, lourd à prendre en main, de plus de 600 pages, je n'en ai fait qu'une bouchée. Sur le bord du canapé à crier "nooooon !" à certains passages, pour un premier thriller, j'ai adoré. Étrangement, au moment où j'écris cet article et maintenant que je me décide à le rendre au propriétaire, il semble avoir disparu...
Ensuite un petit roman naïf d'amour interdit, tourmenté, premier roman autobiographique pour cette jeune auteure de 23 ans. Il m'avait fatigué ce livre, comme une impression de psychanalyser cette jeune femme qui vivait des schémas répétitifs, bref cela ne me changeait pas de mon quotidien professionnel.
Un deuxième petit roman d'amour, deux personnages, chacun avec ses souffrances et travers (décidément !), mais qui ont bâti la relation sur les similitudes dans leurs histoires et une envie de s'en sortir.. ensemble.
Entre-temps, je reçois une enveloppe manuscrite de la main d'un cher ami, son premier œuvre, partiellement autobiographique et récemment publié. Je m'empresse à le lire, mais pas trop vite, car je n'aime pas lire plusieurs livres à la fois et il était court, je voulais le savourer comme un bon mets, un soir d'été.
Je me suis aussi plongée dans mes anciens écrits, inspirée certainement pour vivre mon rêve d'écrire un roman, ce n'était pas des ébauches et des brouillons qui manquaient. En attendant, j'ai écrit une nouvelle, histoire de me refaire la main ou plutôt les mains. Sourire.
Pour revenir au livre de mon ami, je ne l'ai toujours pas terminé, je picore, entre les thrillers, les fantastiques, l'amour... Et la réalisation qu'une personne, même ami, on ne la connaît pas vraiment jusqu'à ce qu'elle écrive son histoire. Et si tout le monde écrivait son histoire, on ferait de telles découvertes et pour la personne qui l'écrit, c'est souvent sa thérapie, pour purger son passé.
Le prochain livre acheté pour son histoire en 3 tomes basée aux Etats-Unis en 1919, m'intriguait. Il était étrange ou fantastique avec une couverture magnifique en dorures rosées. L'imprimeur explique en une grosse demi-page le procédé d'impression, compliqué et technique pour donner un tel résultat. De quoi embellir ma bibliothèque éclectique et incohérente. Mais l'histoire devenait intéressante à la fin, comme pour enticher le lecteur à acheter le tome 2, restant sur ma faim ou plutôt ma soif, je ne l'assouvirai pas en achetant la suite.
Et là, je viens de terminer mon septième livre, un réel exploit pour moi qui mettait un an pour en lire un, il est temps de faire le bilan. Ce dernier m'a été prêté par une chère amie de la bibliothèque de son fils quand il était étudiant. Parmi les centaines de livres qu'il détenait, je suis repartie avec trois ou quatre qui m'attiraient.
"Rêver" de Franck Thilliez est un thriller policier, pas pour les cœurs sensibles. Habituellement, je fais attention à ce que je regarde sur Internet et à la télé pour ne pas m'imprégner des choses affreuses qui déclenchent des peurs et attirent l'ombre. Mais ce livre m'a pris en otage, aspiré par l'horreur fascinante d'un monde sombre peuplé de psychopathes et de neuropathies que n'ai pas vu venir.
Six cent cinquante pages en trois jours, personne ne m'a vu, le contact avec le monde extérieur fut quasi coupé, à part mes consultations téléphoniques, enfermée dans cette capsule temporelle prenante et flippante à la fois.
Alors que devient mon cerveau dans tout cela ? Il fuse, il pétille, il palpite, comme une impression que mes sens s'ouvrent au monde comme jamais avant. Les gens qui pensent que l'éveil "spirituel" est le seul moyen de comprendre la vie, de s'ouvrir à elle, c'est faux. La lecture vous met à nu, comme avant votre naissance, vous commencez à capter les connaissances que vous aviez avant qu'on ne redémarre à zéro en nouveau-né.
La méditation est bien pour apprendre à dompter et à ralentir le mental, mais la lecture est encore plus puissante, en tout cas, pour ma part. Plongée dans des scénarios de plus en plus extraordinaires, d'époques lointaines ou actuelles, être dans la tête de personnes en mal de la société ou du moins "atypiques", quelle expérience détonante et vibrante.
Comme une impression que toute une vie, voire plusieurs, ne suffiraient pas pour comprendre comment fonctionne l'humain, la multiplicité des personnalités, des souffrances, des rêves... Une boulimie intellectuelle qui, sans un minimum de maîtrise, peut contrôler et consumer sa vie, tout avec modération, mais une fois mordue, difficile de ne pas laisser le doux poison se disperser dans les veines...
J'en suis là, Chères lectrices et lecteurs, je n'irai pas plus loin dans ma réflexion pour l'instant, j'ai à faire, mon travail et d'autres livres m'attendent. Si ce récit vous a plu et vous souhaitez la suite, faites-moi signe. En attendant, pour le prochain livre, j'ai choisi un nouveau voyage surréaliste, qui sera lu avec les yeux d'adulte, mais un cœur d'enfant, "Alice au Pays des Merveilles" m'attend, à suivre...
A très bientôt,
Amicalement,
Alison
Merci pour cet article de blog ! du coup, je me sens moins seule à avoir des fringales de lectures 🤣
Je suis curieuse de lire la suite …